Les pollutions industrielles et urbaines ont causé 9 millions de morts à l’échelle mondiale en 2015, selon Global Alliance on Health and Pollution – soit 16 % des décès. Sur ce chiffre, présenté comme une fourchette basse, plus de 80 % sont dus à la pollution atmosphérique, dont les impacts se mesurent à des milliers de kilomètres du lieu d’émission.
« La pollution tue trois fois plus que le paludisme, le sida et la tuberculose réunis », pose Alexandre Nezeys, de la Global Alliance on Health and Pollution (GAHP1). Sur les 9 millions de victimes estimées en 2015 – soit 16 % des décès dans le monde –, 92 % se trouvent dans les pays à revenu faible ou moyen. « Le coût économique atteint 4.600 milliards de dollars soit 6 % du PIB mondial », poursuit le responsable de l’antenne française de la fondation.
Particules voyageuses
7,5 millions de ces décès prématurés sont dus à la pollution atmosphérique, qui « se déplace au gré des vents dominants », observe Alexandre Nezeys, devant le public réuni par l’association Entreprises pour l’environnement (EpE) à l’occasion de la publication d’une note sur l’intégration des enjeux de santé environnementale par les entreprises. Les cartes de la Nasa montrent ainsi le déplacement de l’air pollué de l’Est vers l’Ouest de l’Europe, jusqu’en France et en Grande-Bretagne. Ces mouvements, particulièrement marqués en hiver, sont principalement dus au chauffage au charbon en Pologne, Serbie et Roumanie et au brûlage des cultures en Ukraine. D’Ukraine encore, les suies gagnent l’Ouest de l’Europe en mars-avril. La Nasa met aussi en évidence la présence à San Francisco de particules fines (PM2,5) qui ont voyagé depuis la Chine.
« Les brûlis pratiqués au Pendjab (Pakistan) polluent toute l’Inde, où de jeunes adultes non-fumeurs présentent des poumons comparables à ceux d’un fumeur âgé. Ils sont à l’origine d’une partie des PM2,5 que l’on retrouve en Allemagne et en France », note Alexandre Nezeys.
Contamination alimentaire importée
Sur les 0,1 % des poissons importés aux Etats-Unis que teste le Département de l’agriculture, 9 % sont écartés du circuit de consommation. « Beaucoup de produits contaminés doivent passer entre les mailles du filet », suppose l’ancien ingénieur à la direction de la propreté et de l’eau de la ville de Paris. L’arrosage de cultures avec des eaux industrielles non traitées, courant en Inde notamment, explique la présence de métaux lourds (mercure, plomb) dans les céréales, les épices et le chocolat.
L’Unicef recense 500 millions d’enfants, soit un sur quatre, présentant une plombémie trop élevée. « Cette pollution est due à 80 % au recyclage informel des batteries », précise Alexandre Nezeys.
Le troisième des 17 objectifs de développement durable, fixés en 2015 par l’ONU, vise une réduction d’un tiers d’ici à 2030 des décès prématurés dus à des maladies non-transmissibles. Une quarantaine de chercheurs internationaux projettent de monter un Groupe international d’étude de la pollution chimique de l’environnement (GPCPE), sur le modèle du GIEC. Le premier rapport sur l’état de la pollution chimique dans l’air, l’eau, les sols et les organismes vivants pourrait être livré en 2022. Plus de 100.000 substances chimiques sont dispersées à travers le monde, rappelle la note d’EpE.
1 : fondation créée en 2012 par la Banque mondiale, la Commission européenne, l’Unep et les ministères de l’Environnement de 25 pays à revenu faible ou moyen.
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