Les marchés mondiaux vus par l'équipe du Cyclope (une soixantaine d'experts) entraînée par Philippe Chalmin ont, cette année encore, pris les couleurs de la Chine. Peu de matières et peu de commodités échappent aujourd'hui au commerce avec ce vaste pays. Le titre de cette livraison 2014, « Dans le rêve du pavillon rouge», est une double référence, explique le coordinateur de cet imposant ouvrage de près de 800 pages. La première réfère à l'un des romans les plus populaires de la Chine de XVIIIe siècle, époque fastueuse de l'empire, la seconde au « rêve chinois » expression formulée par le nouveau président Xi Jin Ping à son arrivée au pouvoir. Un rêve qui cependant est face à de nombreuses difficultés parmi lesquelles les inégalités sociales, la corruption et les pollutions diverses. Le ralentissement observé dans l'empire du milieu n'effraie pas Philippe Chalmin qui avance : « Le temps de la crise chinoise n'est probablement pas arrivé.» Quelle que soit la région du monde, y compris en Chine, les aspects énergétiques dominent le panorama. Pétrole, gaz, charbon, voire nucléaire, sont autant de ressources qui sont l'objet d'intenses tractations.
Les miniers seraient à la peine avec une chute des résultats des cinq plus grandes compagnies mondiales. La faute à qui ? À la Chine, on ne prête qu'aux riches, et à la réduction de sa croissance en 2013. Chez les grands de la mine, à l'horloge du Cyclope « l'heure est donc désormais à la chasse aux coûts et aux dépréciations d'actifs ».
Les ferrailles n'ont pas tenu leurs promesses
Au chapitre consacré aux métaux non ferreux, se glissent les informations récoltées comme chaque année par Georges Pichon sur les « petits métaux ». Il insiste sur la dissémination de ces métaux, en particulier dans les stocks de déchets miniers ou encore dans les cendres volantes des centrales thermiques. Autres sources de matières recyclables, les ferrailles auxquelles le Cyclope prédit un bel avenir puisque leur marché devrait s'accroître de 100 à 170 Mt d'ici à 20172018. La contraction de la demande a cependant fortement influencé les prix en 2013. « Les ferrailles n'ont pas tenu leurs promesses. » Malgré sa filière électrique encore peu développée, la Chine est dans le peloton de tête pour sa consommation de ferrailles. « Toutefois, souligne l'auteur du texte, cette situation pourrait évoluer puisque le Conseil d'État chinois encourage l'économie circulaire et prévoit un accroissement de la collecte de ferrailles à 130 Mt d'ici à 2015. » Un excédent de matériaux pourrait apparaître sur le marché chinois après 2020 et modifier le commerce international. Mais les jeux ne sont pas encore faits. La consommation de ferrailles nord-américaine a chuté de 6,8 % entre 2012 et 2013, assez peu en raison d'un recul de la production d'acier mais plutôt, indique le rapport filière DRI (direct reduced iron) qui recourt au gaz naturel, principalement tiré des gaz de schiste. Tout un monde de matières, mais il reste au Cyclope à se mettre au diapason de la Chine, qui souhaite désormais mesurer le bien-être de ses habitants avec son concept de « bonheur national brut ».