Trois ans après la fin du projet Eurecomp, qui avait rassemblé treize partenaires euro péens dont quatre français pour trouver des procédés de recyclage des composites, deux d'entre eux, Sacmo et l'Institut catholique des arts et métiers (Icam), ont renou velé l'expérience.
Associés à Airbus et Veo lia autour d'un projet de recherche piloté par l'Insti tut de recherche technolo gique Jules-Verne, ils ciblent en particulier les composites en fibres de carbone, qui finissent actuellement en centres d'enfouissement. Débuté en septembre 2014 à Nantes, le projet prévoit de fabriquer un réacteur de solvolyse préindustriel et de comparer ce procédé avec le recyclage par pyrolyse. Alors que la pyrolyse brûle les composites pour séparer les fibres des résines, la sol volyse utilise l'eau comme sol vant, en l'ayant mise à l'état « supercritique » (un état inter médiaire entre l'état gazeux et liquide). Le procédé est « plus complexe à mettre en œuvre » que la pyrolyse selon Pascal Dublineau, expert senior chez Airbus, mais il présente deux avantages. La solvolyse per met de conserver en effet les fibres intactes et s'avère « plus intéressante que la pyrolyse sur le plan du bilan carbone et de l'efficacité énergétique ».
Créer une filière
Pour Airbus, le premier inté rêt est de trouver une solu tion pour recycler les chutes de fibres de ses usines : 100 tonnes de déchets chaque année, rien qu'à Saint-Nazaire. Quant à Veolia, l'en treprise a en ligne de mire la valorisation des tonnes de composites issus des avions en fin de vie. Encore faibles actuellement, les tonnages bondiront d'ici à quinze ans avec le recyclage des avions riches en fibres de carbone (50 % des matériaux utilisés pour l'Airbus A350 sont des composites fibres de carbone). La construction du réacteur a été confiée à Sacmo, une PME nantaise spécialisée dans la chaudronnerie et dans la fabrication de machines de petite série. L'entreprise s'appuie sur un dépôt de bre vet et sur l'expérience acquise lors du projet Eurecomp. Elle fabriquera un réacteur de 400 litres, capable de trai ter 70 kg de matière en une fois. À terme, Sacmo vise la vente de quelques réacteurs par an, ou une rémunération grâce à la commercialisation de son procédé breveté sous forme de licence. Avec l'espoir qu'une filière verra le jour.
Créer une filière de recy clage, c'est aussi l'objectif de 11 pôles de compétitivité rassemblés sous le projet CReCoF, avec le Pôle européen de plasturgie et le Groupement de la plasturgie industrielle et des composites. Cette initiative porte sur l'identification des débouchés pour les fibres recyclées. Alors qu'Airbus et Sacmo misent sur la fabrication de pièces d'aménagement intérieur pour les avions, à partir d'un coût de 10 euros par kilo de fibre, d'autres débouchés devront être trouvés, par exemple dans l'automobile. Pour rendre la filière pérenne. n