Le Journal des Communes Durables : Quels sont les sujets phares de cette 16e édition des Assises de l'Amif ?
Michel Teulet : Nous allons aborder des sujets très divers, comme la place des gares dans la ville, la péréquation financière, la gestion de l'eau ou encore le lien entre urbanisme et politique de santé.
Toutes ces questions vont nous permettre de réfléchir à l'avenir de notre région et de nos communes. Le Grand Paris reste à ce titre le sujet fort des Assises. Lors de l'édition de 2011, nous n'étions qu'au lendemain de l'accord historique sur les projets Arc Express et le Réseau de transport public du Grand Paris, dont l'objectif est de faciliter les déplacements entre les différentes villes de banlieue. Lors de cette nouvelle édition, nous allons entrer dans le détail. La gare de demain pour le Grand Paris doit être considérée comme un élément structurant pour les commerces, mais aussi les activités et les services, peut-être même liés à la petite enfance. En plus de faciliter les déplacements des Franciliens, la gare du futur doit donc être mûrement réfléchie par rapport à ces éléments.
JCD : En plus du Grand Paris, quels sont les autres thèmes ?
M.T. : L'atelier Risques naturels portera sur la cartographie et la prévention des risques du sous-sol. L'Ile-de-France est construite sur des anciennes carrières. Des quartiers reposent sur des galeries dont certaines, en gypse, représentent un véritable danger pour les habitations. En tant que maire de Gagny, je suis directement concerné par cette problématique : depuis des années, nous avons fourni de réels efforts pour terminer le comblement des galeries souterraines de l'une des trois carrières présentes sous notre sol. D'autres villes n'ont pas forcément les moyens financiers pour de tels travaux. On peut donc se poser la question du rôle de l'État sur le soutien de ces collectivités.
Un atelier sur les NTIC est également prévu. L'objectif est de faire le point sur les zones desservies en haut débit en Ile-de-France pour ensuite se poser la question sur les besoins d'amélioration ou de création de nouveaux réseaux numériques.
Un autre sujet, plus polémique, va porter sur la gestion de l'eau. De plus en plus de communes affichent leur souhait d'un retour en régie. L'atelier Environnement permettra donc de débattre sur les différents modes de gestion.
Enfin, pour la première année, l'Amif prévoit un atelier dédié à la coopération décentralisée.
JCD : La question des finances locales occupe aussi une place importante ?
M.T. : Comme chaque année, un atelier y sera consacré. Le sujet portera sur le fonds de péréquation intercommunal et communal : jusqu'où l'Ile-de-France peut-elle et doit-elle payer pour les autres ? À l'Amif, nous considérons que l'État ne tient pas assez compte de la spécificité de la région. Certains départements comme la Seine-Saint-Denis ont des charges sociales importantes et doivent faire face à une forte densité de population. À ce titre, il est normal de poser la question de l'intervention de l'État.
JCD : Que pensez-vous du débat autour du projet de majoration de 30 % du COS ?
M.T. : Cette augmentation est une nécessité. Le projet du Grand Paris prévoit la construction de 70 000 logements alors qu'aujourd'hui on en construit que 40 000. Pour répondre à ces besoins, deux solutions peuvent être envisagées : l'étalement urbain ou la construction de la ville sur la ville. Même si je n'apprécie pas l'intitulé de cette deuxième solution, il faut reconnaître qu'elle se présente comme la plus adéquate. L'image peut faire peur, pourtant si l'on regarde autour de nous, on découvre que le quartier le plus dense de la capitale est le XVIème arrondissement, et pourtant on ne le ressent pas. Ce projet me parait dont justifié surtout qu'il prévoit une marge de liberté pour le conseil municipal sur le choix de moduler l'application de cette mesure.
JCD : Que pensez-vous de la proposition de Nicolas Sarkozy de moduler la dotation de l'État aux collectivités en fonction de leurs efforts budgétaires ?
M.T. : Je n'ai jamais entendu ces mots du président de la République. Ce que j'ai compris, c'est que l'État ne peut être le seul à fournir des efforts ; les collectivités doivent aussi jouer le jeu. Certaines collectivités fonctionnent encore sur un modèle inspiré des Trente Glorieuses, et malheureusement aujourd'hui, on ne peut plus se le permettre. La crise est réelle, une collectivité ne doit plus compter principalement sur les aides de l'État pour fonctionner. Nous devons tous faire des efforts.