La Conférence environnementale promise par le gouvernement aura lieu les 14 et 15 septembre prochains. Avec deux priorités : la transition énergétique et la préservation de la biodiversité. Delphine Batho a également annoncé le lancement d'une concertation sur la fiscalité écologique, le lien santé-environnement et la nouvelle gouvernance écologique. En débattront aux côtés de l'État, les représentants des ONG, des salariés, des employeurs, des élus locaux et des parlementaires.
À l'image d'une ancienne publicité, cela a le goût du Grenelle, la couleur du Grenelle, mais pourtant ce n'est pas le Grenelle de l'environnement. Car, au-delà de la terminologie volontairement différente, force est de reconnaître qu'en cinq ans, l'horizon de la conversion écologique s'est bien assombri.
La première contrainte, majeure, est économique. Même si la croissance verte est toujours appelée à la rescousse – en témoigne le plan de sauvetage de la filière automobile par la voiture électrique –, on peine à trouver des secteurs qui ont tiré leur épingle verte du jeu. Sans parler de la crise des financements ! La Commission consultative d'évaluation des normes, dans son bilan d'activité 2011 publié cet été, rappelle que le coût pour les collectivités territoriales des 112 textes d'application des lois Grenelle qui lui ont été soumis, s'élèvera sur la période 2010-2022 à 2,68 milliards d'euros. Dans un contexte de contraintes budgétaires sans précédent, comment engager les investissements nécessaires ?
La deuxième pression est politique. François Hollande a promis de faire passer d'ici à 2025, la part du nucléaire de 75 à 50 %. Le nucléaire et la transition énergétique, soigneusement évacués du Grenelle, attisent les conflits, au sein même du gouvernement, en particulier sur ses conséquences sur l'emploi et le tissu industriel.
Enfin, l'arrivée de la gauche au pouvoir a suscité de fortes attentes en matière de décentralisation. Ainsi, l'Association des Régions de France a publié, début juillet, ses revendications. Elle réclame notamment que les Régions soient consacrées « autorité organisatrice du développement durable des territoires », fixant les règles essentielles en matière de préservation foncière, de valorisation environnementale, de déplacements et d'urbanisme. C'est dire que la Conférence environnementale va aborder des sujets qui fâchent, sous une contrainte économique impitoyable, bien loin du Grenelle, ouvert la fleur au fusil.