Journal des Communes Durables : Quelles seront les problématiques abordées à l'occasion de cette 17e édition des Assises de l'Amif et du salon de la nouvelle ville ?
Michel Teulet : Pour la première fois, nous allons traiter la problématique du sport en Ile-de-France. Les politiques sportives sont, il faut le reconnaître, le parent pauvre des grands projets de la Région. Or la politique du logement ne peut pas répondre à tous les problèmes, et je pense qu'il est primordial de s'attaquer au sport si l'on ne veut pas reproduire les erreurs qui ont conduit aux problèmes d'intégration, de lien social et de vivre-ensemble dans la cité.
Lors de ces Assises, d'autres sujets seront abordés comme la réforme des rythmes scolaires, le numérique comme levier de croissance pour nos territoires, le choix de la réforme pour la politique de la ville, le plan régional santé 2013, la circulation en Région, la commande publique comme un levier de croissance pour les PME, et enfin, l'évolution des pôles métropolitains. Sur ce dernier sujet, nous souhaitons sortir du débat « Paris-Province », et discuter ensemble sur les actions de solidarité territoriale mais aussi sur les projets urbains comme le Grand Paris. Si la capitale n'est pas la seule métropole attractive de la France, elle a tout de même un rôle de locomotive important pour l'économie française. Dans les territoires, beaucoup d'élus pensent que l'Ile-de-France génère plus de recettes et qu'elle est de fait privilégiée. C'est à la fois vrai et faux : l'Ile-de-France est plus riche que le Massif Central par exemple, mais elle doit faire face à des problématiques plus lourdes à gérer.
JCD : Le programme des ateliers semble bien chargé ?
M.T. : Oui et ce n'est pas tout. Comme il y a deux ans, nous allons traiter du sujet sur l'accueil des gens du voyage. Aujourd'hui, la loi n'est toujours pas respectée partout. En parallèle, de nombreuses aires d'accueil restent inadaptées pour accueillir les caravanes, dans les départements moins urbanisés notamment. Ce sujet sera débattu avec les responsables des associations françaises des gens du voyage, Stéphane Lévèque pour la Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les gens du voyage, et Marc Béziat, le directeur général de l'Association nationale des gens du voyage catholiques.
JCD : Comment évolue le sujet du Grand Paris ?
M.T. : Le Premier Ministre devait se prononcer avant le 15 février 2013 sur le Grand Paris Express [voir notre article p26], un projet de réseau composé de quatre lignes de métro automatique régional en boucle autour de Paris. Ce projet est issu d'un accord signé en janvier 2011 entre le Conseil régional d'Ile-de-France et l'État, à la suite des débats publics portant sur les deux projets de métro en rocade, le Réseau de transport public du Grand Paris et Arc Express. Jean-Marc Ay-rault devrait rendre son avis autour du 15 mars, soit juste quelques semaines avant l'ouverture des Assises de l'Amif. Le sujet occupera sans aucun doute beaucoup de place dans les débats.
Cette année, nous avons choisi d'aborder le sujet du Grand Paris sous forme de table ronde, avec entre autre la participation de Jean Daubigny, le nouveau préfet de la région Ile-de-France et Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, et je l'espère, Cécile Duflot, ministre de l'égalité des territoires et du Logement.
L'intitulé de l'atelier est sous forme de question : Grand Paris, où allons-nous ? Car un an après le changement de majorité présidentielle, se pose la question de connaître la nouvelle vision nationale du Grand Paris. Pour éviter les retards entre la réflexion et la mise en œuvre des projets, il faudra aussi apprendre à poser des questions avec une vision à plus long terme : quelle gouvernance pour le Grand Paris ? Quelle fonction et quel positionnement pour les contrats de développement territorial ?
JCD : Quelle place occupe l'Amif dans les discussions concernant l'Acte III de la décentralisation ?
M.T. : L'association occupe une place relativement limitée, et nous n'avons à ce jour pas encore eu l'occasion de rencontrer Marylise Lebranchu, la ministre en charge de la Décentralisation. Pourtant notre expérience dans la création de projet comme le Grand Paris pourrait servir à alimenter les discussions.
JCD : Quel est votre point de vue sur le cumul des mandats ?
M.T. : Je suis favorable à une limitation du cumul des mandats, mais j'émets des réserves sur le poste de parlementaire qui ne peut selon moi être déconnecté du terrain. En théorie, n'importe qui peut devenir membre du parlement à partir de l'âge de 18 ans. Cette fonction me paraît inconcevable sans avoir un minimum d'expérience de terrain : pour être un bon parlementaire, il faut connaître les territoires sur lesquels on légifère. La question que l'on peut se poser, est de savoir s'il est raisonnable d'occuper ces deux postes, si sa mairie se situe à 800 km du Parlement.