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LA RÉDACTION, LE 1er MAI 2009
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Utilisés pour la navigation, la production d'énergie ou d'eau potable, les fleuves, rivières et plans d'eau permettent également la pratique de la baignade et des loisirs aquatiques. Pour la plupart des régions, la présence de zones de baignade constitue un vecteur important de développement touristique qui s'appuie sur la valorisation du patrimoine naturel. Ces dernières années, des schémas d'aménagement ont permis la réouverture ou la création de certains sites. Mais la pratique d'activités aquatiques nécessite avant tout une eau de qualité conforme aux usages. En effet, l'industrialisation et les activités humaines ont un impact direct sur la qualité des eaux intérieures, ce qui oblige de nombreuses collectivités à mettre en place des programmes de préservation ou de restauration du milieu naturel. De plus, ces collectivités ou les gestionnaires de sites ont la responsabilité des vacanciers. Si la baignade constitue une activité de loisir, elle peut néanmoins présenter certains risques liés à la qualité de l'eau et aux comportements associés à cette pratique. La qualité physico-chimique des eaux douces est globalement bien maîtrisée et ne pose pas trop de problèmes pour la pratique des loisirs aquatiques. Il n'en reste pas moins que la pollution microbiologique et son suivi constituent une source d'inquiétude. Cette pollution est due à la présence dans l'eau de micro-organismes (bactéries, parasites...) qui proviennent essentiellement des activités humaines et des déjections animales. Les rejets d'eaux usées non désinfectées en sortie de station d'épuration, l'existence de dispositifs d'assainissement autonome défectueux, le débordement des réseaux par temps de pluie ainsi que le lessivage des terres d'élevage sont responsables d'une partie de la contamination observée. Et au-delà d'une certaine concentration, le contact avec des germes pathogènes peut entraîner différentes pathologies comme des gastro-entérites, des hépatites ou des troubles ORL. Pour éviter tout risque sanitaire aux baigneurs, les Directions départementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass) effectuent des analyses de l'eau, plusieurs fois pendant la saison estivale, et s'assurent du bon respect des seuils fixés par la directive de 1976. PRÉSERVER LES ZONES DE BAIGNADE La vocation touristique des rivières imposant une bonne qualité de l'eau, de nombreuses collectivités ont mis en place depuis quelques années des programmes de restauration ou de préservation du milieu. Le but de ces plans d'action est de limiter les pollutions diffuses d'origine domestique, industrielle ou agricole. En France, les travaux de prévention relèvent de la responsabilité des acteurs locaux (communes, entreprises ou agriculteurs), aidés financièrement par les agences de l'eau. Face à la contamination bactérienne, les maîtres d'ouvrage sont en premier lieu obligés d'améliorer l'assainissement des eaux usées, notamment si le cours d'eau ou le lac sont proches d'une zone urbaine. Au niveau de la station d'épuration, cela requiert l'installation d'un traitement complémentaire (stérilisation UV, filtration membranaire) pour abattre les concentrations en germes bactériens avant rejet des eaux épurées dans le milieu naturel. Afin d'éviter tous déversements d'eaux non traitées par temps sec ou lors d'événements pluvieux, il est nécessaire de fiabiliser les réseaux de collecte ainsi que de contrôler le bon fonctionnement des installations d'assainissement non collectif. Conduisant parfois à des arrêtés d'interdiction de baignade, les phénomènes d'eutrophisation et de développement des cyanobactéries doivent également faire l'objet d'une surveillance accrue. Plus difficile en revanche est la maîtrise par les gestionnaires des sites des pollutions liées au manque d'hygiène du public. LE LOT SE JETTE À L'EAU POUR LA QUALITÉ Conscient de l'importance économique des différents usages de la rivière, le département du Lot a, dès les années 1970, pris des mesures pour améliorer la qualité de ses eaux. Avec pour objectif le développement d'activités nautiques, le Lot a inscrit pour la première fois en France la problématique « qualité bactériologique des rivières » comme une des actions prioritaires du Sdage. Associée à des bureaux d'études spécialisées, la société SGS a travaillé sur plusieurs cours d'eau : le Lot, la Truyère et la Dordogne. Afin de définir un plan d'action de lutte contre les pollutions, elle a effectué un certain nombre de diagnostics (criblage de prélèvements avant et pendant la saison) ainsi que la synthèse et l'analyse des résultats. « Les phénomènes de diffusion de la pollution bactérienne et de compétition naturelle sont assez difficiles à estimer et à prédire. L'intérêt de nos études est d'établir quelle sera la zone de déclassement en aval pour que les collectivités prennent les bonnes mesures », explique Jean-Philippe Circal, directeur du développement du laboratoire SGS. Par ailleurs, confronté à des problèmes de contamination bactérienne chronique sur la rivière Célé, le conseil général du Lot a souhaité mettre en place un contrat de rivière en 2000. Cet outil opérationnel vise à la définition et à la réalisation collective d'opérations de restauration de l'écosystème aquatique. Plus de 22 millions d'euros ont été investis pour ce contrat géré et animé par l'association de la Vallée du Lot. Les nombreux travaux d'assainissement ont permis de rendre le libre accès en 2008 des plages de Cabrerets, Orniac, Sauliac et Marcilhac-sur-Célé. De plus, afin d'assurer une gestion active des eaux de baignade, un dispositif baptisé « Info'eau loisirs » fournit les résultats d'analyses quotidiennes sur les conditions de pratique des loisirs aquatiques. « Même si la qualité de l'eau est conforme aux normes sanitaires, une zone de baignade doit aussi être aménagée car les gestionnaires du site sont responsables de la sécurité des baigneurs », ajoute Michel Maumont, président de l'office du tourisme du Pays Foyen. Après la fermeture de sa piscine municipale, la communauté de communes du Pays Foyen, qui n'avait plus de lieux de baignade sous surveillance, a étudié plusieurs sites potentiels sur une dizaine de kilomètres le long de la Dordogne. Correspondant à une ancienne zone très populaire entre les années 1930 et 1960, la plage des Bardoulets à Port-Sainte-Foy a été retenue et a nécessité plus de 15 000 euros pour son aménagement (rémunération du maître nageur, location de sanitaire, poste de secours...). Une somme parfois difficile à réunir pour d'autres communes ! La responsabilité des gestionnaires, exercée le plus souvent par le maire de la commune, pourrait donc être un facteur limitant à la création de zones de baignade. « En effet, beaucoup de maires souhaiteraient ouvrir des sites, mais ils se heurtent au problème financier. Devant l'impossibilité d'aménager une plage, certains élus préfèrent poser des panneaux d'interdiction de baignade, de peur d'assumer certaines conséquences », se lamente Roberto Epple, président fondateur de European Rivers Network et président de SOS Loire Vivante. Ce qui n'empêche pas le public d'ignorer parfois ces interdictions et de se baigner, sans avoir véritablement conscience des risques encourus. UN APPEL À L'INNOVATIONPOUR LA MARNE En raison de forts courants et surtout de l'insalubrité de l'eau, la pratique de la baignade a été interdite en Marne par un arrêté préfectoral de 1970. Avec pour vocation de participer à l'amélioration du milieu naturel, le syndicat mixte Marne Vive - qui rassemble huit communes, deux communautés d'agglomération, le Port autonome de Paris et la Chambre de métiers du Val-de-Marne - a été créé en 1993. Après avoir réalisé un diagnostic de la rivière, les membres du syndicat ont approuvé en 2000 la mise en place d'un schéma directeur qui vise en premier lieu à restaurer l'usage de la baignade à l'horizon 2030. Différentes actions sur les réseaux d'assainissement et sur la gestion des eaux pluviales ont été définies dans ce schéma, et ont permis une amélioration notable de la qualité de l'eau. Si bien que certains secteurs de la Marne présentent désormais une qualité d'eau conforme à la baignade plusieurs semaines par an. Le syndicat envisage donc de créer prochainement une structure mobile sécurisée qui pourrait être déplacée sur les secteurs aptes à la pratique de la baignade. « Nécessitant un effort important d'innovation, cette piscine flottante serait munie de parois filtrantes assurant une épuration en temps réel et la sécurisation des usagers. Pour l'instant, les élus ont voté une enveloppe de crédit pour trouver des partenaires financiers pour le montage de l'opération », détaille Claire Beyeler, chargée de mission auprès du président de Marne Vive. De plus, cette piscine sera associée à un dispositif d'informations quotidiennes qui sensibilisera le baigneur sur la qualité de l'eau, en ligne avec la nouvelle directive qui impose désormais le libre accès de ces informations au grand public. UNE RÉGLEMENTATION EN PLEINE ÉVOLUTION Au niveau européen, la qualité des eaux de baignade est réglementée par la directive 76/160/CEE qui établit dix-neuf paramètres à surveiller (physiques, chimiques, microbiologiques et esthétiques). En cours de saison, des prélèvements d'eau sont réalisés sur chaque site avec une fréquence au minimum bimensuelle. Les résultats interprétés par les Ddass sont transmis aux communes concernées qui peuvent interdire la baignade en cas de dépassement des seuils réglementaires. Chaque année, ces résultats permettent d'établir un classement des sites qui doit faire l'objet d'une communication au public avant le début de la prochaine saison de baignade. Vieille de trente ans, la directive de 1976 a eu le mérite d'inciter les collectivités locales à faire des efforts en matière d'assainissement. Elle sera encore en vigueur quelques années avant d'être remplacée en 2015. En effet, avec l'amélioration des connaissances sur l'état des milieux et les risques sanitaires, les États européens ont souhaité faire évoluer la première directive et en ont adopté une nouvelle en 2006. Cette dernière a déjà été transposée en droit français par la loi sur l'eau et les milieux aquatiques de décembre 2006 ainsi qu'un décret de septembre 2008 modifiant le code de la santé publique. Ce nouveau texte a pour objectif d'atteindre un état satisfaisant de l'eau en 2015. Pour cela, il prévoit la manière dont les pays vont surveiller, classer et gérer la qualité des eaux de baignades. Les matières fécales étant la préoccupation principale, la directive se focalise sur deux paramètres microbiologiques (Escherischia Coli et les entérocoques intestinaux) considérés comme d'excellents indicateurs de la présence de germes pathogènes. Issues d'une étude épidémiologique de l'OMS, les valeurs seuil ont été renforcées pour réduire à moins de 8 %, voire 4 %, le risque sanitaire moyen pour un baigneur de contracter une maladie. De plus, la réduction du nombre de paramètres à analyser permet de faciliter les contrôles tout en concentrant les ressources sur la surveillance des facteurs représentant une réelle menace. Quatre prélèvements au minimum doivent être réalisés par saison balnéaire, et le délai entre deux ne doit pas excéder un mois. À partir des résultats des analyses, un classement en quatre catégories (insuffisante, suffisante, bonne et excellente) est établi en se référant aux quatre dernières années. Cette classification sera donc moins sensible aux mauvaises conditions climatiques ou aux dysfonctionnements d'ouvrages d'assainissement qui aggravent la dégradation microbiologique. La directive prévoit aussi un contrôle visuel - qui n'est pas pris en compte dans le classement - pour détecter la présence de résidus goudronneux, de verre ou de plastique ainsi qu'une surveillance des phénomènes d'eutrophisation. Ce classement sera mis en place en 2013, ce qui oblige les collectivités à prendre dès à présent des mesures pour être conformes aux nouveaux seuils microbiologiques. GESTION ACTIVE ET INFORMATION PERMANENTE DU PUBLIC « Outre la modification du classement de baignade, la nouvelle directive intègre surtout une notion de gestion active des zones de baignade avec l'établissement pour février 2011 des profils de qualité », indique Jean-Philippe Circal. Spécifique à chaque plan d'eau, un profil est destiné à évaluer la vulnérabilité et les risques de pollutions potentielles d'un site en vue de renforcer les mesures de prévention. Il comportera une description des caractéristiques physiques, géographiques, hydrographiques de la zone de baignade, une identification et une évaluation des causes de pollution, ainsi que l'établissement d'un plan de gestion. Par ailleurs, les informations recueillies permettront de gérer en amont un événement exceptionnel de pollution par une fermeture préventive, évitant ainsi le risque de déclassement. Cette notion de gestion active offrira aussi plus de visibilité sur les efforts environnementaux et sanitaires des communes concernées. Auparavant, lorsqu'une zone de baignade était polluée, certaines collectivités préféraient fermer le site et interdire la baignade plutôt que d'en améliorer la qualité. « Pour garder un pourcentage élevé de bonnes plages, un certain nombre de sites pollués, toujours fréquentés par des baigneurs, étaient enlevés du classement pour qu'ils n'y soient plus comptés », pointe Roberto Epple. Autre avantage, la réglementation exige que le public ait facilement accès à des informations relatives à l'état des sites de baignade et à la qualité de l'eau. Ces informations devront être disponibles sur la zone, mais également dans les médias et sur Internet. Par ailleurs, les baigneurs sont invités à participer à l'amélioration du profil de vulnérabilité et aux actions prises pour limiter les pollutions. « Cette transparence des informations est fondamentale pour faire évoluer la tendance du public à émettre des doutes quant à la qualité de l'eau », se réjouit Michel Maumont. Avec le durcissement des normes bactériologiques, l'élaboration des profils de qualité se révèle indispensable pour aider les communes dans leur démarche de dépollution des eaux. Pour Roberto Epple, le rétablissement de la continuité écologique (maintien de la morphologie des fleuves et restauration des zones humides) est également important car cela permettrait de multiplier les mesures prises en matière d'épuration.


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