À quoi sert un prix Nobel de la paix ?
Hormis un chèque conséquent, il est avant tout la reconnaissance d'un engagement et d'une cause, qui bénéficient alors d'une tribune planétaire.
Mais, alors, quels sont les combats nobélisables ?
L'examen de la longue liste des lauréats, depuis l'origine en 1901, permet de mesurer combien le champ couvert par le très discret comité suédois s'est élargi.
En effet, pendant la première partie du xxe siècle, celui-ci s'est consciencieusement appliqué à récompenser des artisans de la paix au sens très militaire du terme. Puis, le jury, à travers des lauréats tels que René Cassin, Martin Luther King, Desmond Tutu ou, plus récemment, la Birmane Aung San Suu Kyi, a clairement placé la défense des droits de l'homme au coeur de la survie de l'humanité.
Depuis 2004, avec la récompense attribuée à Wangari Maathaï, on observe une nouvelle évolution. L'écologiste kenyane a été honorée pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ». Des objectifs réaffirmés, en 2006, par la reconnaissance de l'engagement du banquier bangladais Muhammad Yunus en faveur du microcrédit.
Les lauréats de 2007 répondent à la même logique. En récompensant Al Gore et le Giec*, le comité Nobel dit lui-même qu'il veut attirer l'attention sur les processus et les actions nécessaires pour protéger le climat et réduire la menace pesant sur la sécurité de l'humanité. Les mots, choisis avec soin, montrent combien les menaces contre la paix ont changé de forme.
Mais, au-delà de la cause défendue, le choix d'honorer conjointement un homme et une institution n'est certainement pas le fruit d'un hasard ou d'une quelconque indécision. En liant scientifiques et politique, le comité Nobel ne cherche-t-il pas à faire reconnaître la nécessité d'une responsabilité partagée. Al Gore et le Giec symbolisent finalement un tandem diablement efficace, celui de l'expertise et de la médiatisation.
Une recette qu'applique à son échelle le Grenelle de l'environnement. Le travail réalisé en trois mois par les trois cents personnes les plus averties qui soient sur le climat, la biodiversité, l'agriculture, la gouvernance... trouve un écho sans précédent auprès de la société civile. Place maintenant aux engagements politiques !