Les jeux sont presque faits à la COP21. Dans la dernière ligne droite, les tractations s'intensifient pour aboutir à un accord le 10 décembre. Il reste donc 24h de négociations. Les positions des uns et des autres évoluent, mais les intérêts nationaux ne convergent pas encore tout à fait. Pour avancer, la présidence française a ajouté le 8 décembre cinq groupes de travail informels aux 4 existants. Notamment pour traiter les sujets liés aux forêts, à l'adaptation, aux pertes et dommages ou encore à la coopération. Le 9 décembre, ce sont les quatre grands pays émergents – la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud – qui se sont affichés ensemble en tribune pour montrer leur détermination (photo).
Sauf revirement de dernière minute, la COP21 aboutira vraisemblablement à un accord. Reste à connaître son ambition. Le texte ne devrait pas faire référence aux énergies renouvelables, ni à un niveau nul d'émissions de gaz à effet de serre à une date précise. L'objectif à long terme serait plutôt de limiter la hausse des températures sous les 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle. Mais, sous la pression des pays les plus vulnérables, l'idée s'impose d'introduire une référence au seuil de +1,5°C. Quoi qu'il en soit, « changer la limite de température ne signifie rien si vous n'avez pas de carte, ni de voiture pour atteindre la nouvelle destination », prévient Ruth Davis, de Greenpeace. Traduction : l'ambition ne dépendra pas seulement de la cible, mais aussi du mécanisme mis en place pour suivre la bonne trajectoire.
Le bras de fer porte notamment sur les engagements des États et leurs révisions progressives à la hausse. Une revue périodique devrait être opérée. Une majorité d’États s'accorde sur un rendez-vous tous les 5 ans, même si l'Inde affiche publiquement sa préférence pour une revue tous les 10 ans. Il faudra surtout déterminer quand ces revues débuteront : avant ou après 2020 ? Et surtout à quoi elles serviront. « Il doit y avoir un mécanisme incitatif. Sur une base volontaire, les pays pourraient mettre à jour leurs contribution. Mais ce processus ne peut être ni intrusif, ni punitif », s'est clairement positionné Xie Zhenhua, le représentant spécial chinois à la COP21.
Il faut dire que les pays émergents lient directement leurs engagements au respect, par les pays développés, de leurs promesses de financement. Plusieurs États ont certes fait de nouvelles annonces. Avec, par exemple, 2,4 milliards de dollars supplémentaires par an, en 2020, de la part du Japon, une somme qui comprend une part privée à préciser. Mais les annonces des pays industrialisés sont assez hétérogènes et trop floues. D'après la fondation Nicolas Hulot (FNH), la somme annuelle mobilisée en 2020 atteindrait 85 milliards de dollars sur un objectif de 100 milliards. Mais FNH s'appuie sur un rapport de l'OCDE qui chiffrait à 62 milliards de dollars les financements climat des pays développés en 2014. Ce rapport de l'OCDE est vivement contesté par les pays émergents. « Il y a eu une erreur collective depuis Copenhague : ne pas traiter plus tôt la méthodologie de calcul des financements climat », déplore Matthieu Orphelin, porte-parole de FNH. Un avis largement partagé dans la zone des négociations : « quand cette COP21 sera terminée, il faudra au moins que soit mis en place un mécanisme grâce auquel nous saurons quels financements comptabiliser », a déclaré Edna Bomo Molewa, ministre des Affaires environnementales de l'Afrique du Sud. Il reste 24h pour le décider.
TB