Les négociations se crispent à la COP21. « On est dans un moment de mise en scène des égoïsmes nationaux. La question est maintenant de savoir s'il va y avoir un sursaut des États », dénonce l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot. Ce vendredi 11 décembre matin, aucun échange en séance plénière n'était prévue au Bourget. Et pour cause : la nuit précédente a été « très difficile », relate Matthieu Orphelin, porte-parole de la fondation Nicolas Hulot (FNH). Un nouveau projet d'accord est désormais évoqué pour samedi 12, soit 24h après la date initialement prévue pour l'adoption du texte.
Les négociations se sont pourtant poursuivies toute la nuit de jeudi à vendredi. Jeudi soir, peu après 21h, soit avec 6h de retard, la présidence française a soumis une nouvelle proposition de texte aux parties prenantes. « Le texte procède à une série de choix », a présenté Laurent Fabius, président de la COP21. « Nous avons réalisé ces choix lorsqu'il nous est apparu qu'un compromis assez clair émergeait des discussions. » Mais il restait trois gros points de blocage. Toujours les mêmes : ils portent sur l'ambition du futur accord, les financements et la différenciation entre les États selon leurs responsabilités historiques et leurs possibilités actuelles.
Les États campent sur leurs positions. La Chine, qui n'appartient pas au groupe des pays développés, n'est pas concernée par l'engagement à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Elle a déjà annoncé des soutiens à des pays du Sud, mais elle refuse que ce type de financement volontaire soit mentionné dans l'accord. De son côté, l'Inde continue à s'opposer au processus de révision des contributions nationales. Les pays pétroliers, à l'image de l'Arabie Saoudite et de l'Irak, ont de nouveau contesté toute référence à un prix du carbone et à une limitation du réchauffement climatique à +1,5°C. « De l'autre côté, on a aussi vu des pays développés comme le Japon et la Suisse dire que l'article sur les financements était trop engageant », observe Matthieu Orphelin. Le porte-parole de FNH note toutefois des prises de position constructive. « L'Union européenne a eu des paroles beaucoup plus forte que d'habitude. L'Afrique du Sud aussi. » La situation n'est donc pas totalement bloquée. Les discussions se poursuivent d'ailleurs discrètement de façon bilatérale, de pays à pays.
TB