Les trois dernières régions à avoir fusionné les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (Aasqa) locales, conformément à la loi Grenelle 2, sont la Lorraine (juillet 2011), Rhône-Alpes et Paca (janvier 2012), où cela ne s'est pas fait sans heurts. « Des associations craignaient de perdre leurs spécificités locales, mais qu'elles se rassurent, les structures qui les absorbent ne sont pas des usines à gaz. À l'heure où s'élaborent les schémas climat-air-énergie, cet échelon régional est bien le plus pertinent pour qu'elles coordonnent au mieux leurs actions », explique Régine Lange, présidente de la fédération Atmo France, qui chapeaute les Aasqa. Ce regroupement a été progressif.
Il y a dix ans, Rhône-Alpes comptait six associations, presque une par département. « Le rapprochement a d'abord répondu à un objectif de mutualisation et d'économie d'échelle ; il vise aujourd'hui à asseoir notre gouvernance. Avec Air Rhône-Alpes, les élus et les industriels disposent d'un interlocuteur unique. Cela nous confère plus de poids, de lisibilité, ce qui est essentiel pour bâtir une politique commune sur des enjeux qui dépassent le cadre local, comme la lutte contre l'ozone ou les particules », commente Marie-Blanche Personaz, directrice d'Air Rhône-Alpes. Cette représentativité renforcée ouvre des horizons. « En gagnant en efficacité, on va mieux travailler avec nos partenaires transfrontaliers et au niveau européen », ajoute Jean-Pierre Schmitt, directeur d'Air Lorraine. En Paca, pour préserver l'ancrage local qui forge l'identité des Aasqa, trois comités territoriaux ont été créés.
De même chez Air Rhône-Alpes, où deux directeurs territoriaux ont été nommés et cinq pôles de travail structurés pour mieux coller aux réalités territoriales et au suivi particulier de certains bassins industriels. « On est plus qu'avant dans l'opérationnel. On ne se limite plus au diagnostic, on passe au pronostic et à l'action, via des outils créés pour aider les acteurs du territoire à évaluer leurs programmes d'action sur l'air », complète Marie-Blanche Personaz. En Lorraine aussi, la réorganisation fait évoluer les missions : le suivi de la qualité de l'air intérieur et des nouveaux polluants s'y renforce. Quant au rôle joué par les outils de prospective et de modélisation, il va crescendo. Moins de métrologie et plus d'expertise sont les maîtres mots. « Plus de coopération aussi, car nos données peuvent enrichir les travaux effectués par d'autres observatoires, par exemple sur le bruit routier. À tous les niveaux, l'expertise au niveau régional en sortira gagnante », conclut Marie-Blanche Personaz.