Les esprits positifs diront qu'au moins voilà un mode de transport en commun qui déchaîne les passions. Le projet d'un tramway sur pneus sur une quinzaine de kilomètres à Strasbourg déclenche depuis des mois un débat d'une ampleur inattendue. Les opposants se recrutent pêle-mêle parmi des associations d'habitants et d'usagers ainsi que des élus d'opposition. Les faubourgs et communes concernés « méritent mieux » que ce « tram au rabais », selon, par exemple, l'Association pour la préservation de l'environnement du quartier de Koenisghoffen. Sera-t-il moins coûteux, comme l'affirme la communauté urbaine qui évalue l'investissement à 10 millions d'euros du kilomètre contre 15 à 20 millions pour un tram classique fer ? Ils en doutent, invoquant le « surcoût de fonctionnement » lié à « l'usure de la chaussée et à la surconsommation d'énergie ». Et ils ne se privent pas de rappeler les mésaventures de ce tram à Caen ou à Nancy.
Face au tir nourri, la collectivité et son exploitant de réseau, la CTS (groupe Transdev), s'emploient à démonter un à un les arguments pour conclure à la seule solution qu'ils estiment réaliste face aux obstacles techniques et financiers que rencontre le bus à haut niveau de service (du fait de voiries trop étroites) comme le tram classique. Le maire Roland Ries juge stérile la polémique sur le mode de traction, « elle me rappelle celle sur le métro sur pneus à Paris dans les années 1960 ». Le président de l'agglomération, Jacques Bigot, vante « l'alternative crédible à la voiture » qui apportera un tram à des territoires à l'ouest et au nord qui l'attendent depuis des lustres. La communauté urbaine devrait lancer ce mois-ci l'appel à projets qui laisse ouvert le choix de la technologie. L'objectif est de lancer les travaux avant fin 2013 pour toucher les subventions obtenues du Grenelle.