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HYDROGÈNE

Mélanie Leonhard : « Avec des terminaux d'importation d'hydrogène, Hambourg jouera un rôle clé en Europe »

PUBLIÉ LE 7 MAI 2025
PROPOS RECUEILLIS PAR ERIC LE TALLEC
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Mélanie Leonhard : « Avec des terminaux d'importation d'hydrogène, Hambourg jouera un rôle clé en Europe »
Mélanie Leonhard est ministre d'État aux Affaires économiques du gouvernement de Hambourg depuis 2022. Depuis mars 2018, elle est présidente du parti SPD de Hambourg. Crédits : Daniel Reinhardt
Avec son infrastructure maritime stratégique, le port de Hambourg se positionne comme un acteur clé de l’hydrogène vert en Europe, prêt à accueillir les flux croissants d’importation prévus d’ici 2045. Mélanie Leonhard, Sénatrice à l’Économie et à l’Innovation de Hambourg, en Allemagne, nous décrypte les atouts de la métropole portuaire, les défis à relever et les alliances nouées avec d’autres grands ports mondiaux, dont Nantes-Saint-Nazaire.

En quoi le port de Hambourg s’impose-t-il comme le principal hub de l’hydrogène en Europe du Nord ?
Mélanie Leonhard : En tant que métropole portuaire et industrielle, Hambourg est une plaque tournante centrale pour la production, l’importation, le transbordement et l’utilisation de l’hydrogène. Le port est le plus grand port universel d’Allemagne, les liaisons avec l’arrière-pays par rail et par route sont excellentes, en plus des marchandises générales et en vrac et plus tard des conteneurs, les sources d’énergie ont toujours été traitées ici. La région métropolitaine de Hambourg est avant tout l’une des plus grandes zones industrielles contiguës d’Europe. Autour du site d’Airbus se trouvent de nombreuses entreprises des industries de base, de transformation des matières premières, d’acier, de cuivre et de raffineries, ainsi que des entreprises de logistique et de l’industrie aéronautique.
Dans le nord de l’Allemagne et en Europe, il existe suffisamment d’énergies renouvelables qui aideront à rendre ces industries indépendantes des combustibles fossiles. L’hydrogène joue un rôle central en rendant l’énergie éolienne stockable et transportable, contribuant ainsi aux objectifs climatiques de la région.

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Quels sont les projets en cours pour structurer cette filière ?
D’ici 2027, un électrolyseur sera construit sur le site d’une ancienne centrale à charbon en tant que projet phare, avec une capacité qui pourrait être étendue à 800 MW. Cependant, la majorité des besoins en hydrogène de l’Allemagne seront importés, et Hambourg jouera un rôle clé en Europe : plusieurs terminaux d’importation sont prévus, ainsi que la construction de 60 km de nouveaux pipelines d’hydrogène dans le port industriel. Une vingtaine d’entreprises clientes seront raccordées à ce réseau, qui sera lui-même connecté à la dorsale européenne de l’hydrogène.

Nous sommes également ouverts à différentes formes de H2 : gazeux via pipeline, dérivés ou encore hydrogène lié à l’ammoniac. Cela permet à nos entreprises de collaborer avec des fournisseurs du monde entier, comme le Danemark (via pipeline) ou des partenaires plus éloignés comme le Canada ou l’Australie.

Quels sont les principaux défis à relever pour accélérer l’essor de ce marché à Hambourg ?
Actuellement, les prix de l’hydrogène, notamment vert, sont encore trop élevés pour les industries à forte consommation d’énergie. Cela s’explique en partie par les réglementations européennes, comme celles sur les Carburants Renouvelables d’Origine Non Biologique (RFNBO). Une autre difficulté réside dans l’incertitude liée aux importations : les producteurs d’hydrogène ne donnent pas encore de garanties claires sur les prix et les quantités disponibles.

De notre côté, nous développons l’infrastructure nécessaire et soutenons les projets des entreprises à long terme. Nous avons notamment veillé à ce que les premiers utilisateurs d’hydrogène soient rapidement raccordés au réseau H2. De plus, grâce à notre expertise et aux entreprises de Hambourg, nous soutenons les décisions politiques au niveau fédéral et européen. Enfin, et surtout, nous favorisons les échanges au sein de l’ensemble de la communauté H2 à travers le Renewable Energy Cluster (EEHH).

Les importations par bateau jouent-elles encore un rôle mineur par rapport aux importations par pipeline ?
À long terme, les importations d’hydrogène par pipeline à partir d’installations de production d’hydrogène intra-européennes sont judicieuses, car cette forme de transport est moins onéreuse et implique les pertes de conversion les plus faibles. À court terme, les quantités nécessaires ne pourront toutefois pas être couvertes. En 2030, environ 70 % des besoins en hydrogène de l’Allemagne seront importés et les pipelines nécessaires n’ont pas encore été construits. Et à moyen terme, nous voulons continuer à faire en sorte que nous puissions être approvisionnés à partir de régions du monde riches en énergie éolienne ou solaire.

Les pipelines ne sont cependant pas la solution pour tous les fournisseurs dans le monde. Certaines industries n’ont pas besoin d’hydrogène pur, mais de dérivés, par exemple d’e-carburants pour les navires. Dans tous les cas, il y aura des importations à la fois par pipeline et par bateau, ce qui est cohérent pour des raisons de sécurité d’approvisionnement.

Quels sont les défis logistiques liés au transport maritime de l’hydrogène ?
Lors du transport de l’hydrogène par mer, il faut également faire la différence entre la forme de l’hydrogène et son origine géographique. Par exemple, le transport de l’hydrogène liquide est actuellement difficile car il n’existe pratiquement aucun navire au monde capable de le transporter sur de longues distances à -253°C, certains développements technologiques sont encore nécessaires. En revanche, l’ammoniac est une alternative plus viable : il est établi depuis des décennies et est donc particulièrement adapté au transport de l’hydrogène depuis des régions comme le Canada, l’Amérique latine ou l’Australie.

Quelles sont les connexions entre Hambourg et d’autres ports mondiaux dans cette dynamique ?
Nous suivons de près l’évolution de l’économie mondiale de l’hydrogène. Les acteurs portuaires de Hambourg, en particulier l’autorité portuaire de Hambourg, propriétaire d’environ 90 % de la zone portuaire et exploitant de terminaux Hamburger Hafen und Logistik AG (HHLA), ainsi que les sociétés de négoce d’énergie de Hambourg qui préparent les chaînes d’approvisionnement pour les importations d’hydrogène et de dérivés et les compagnies maritimes sont en contact étroit avec leurs partenaires mondiaux.

La ville d’Hambourg est également liée à de nombreuses régions importantes d’approvisionnement potentiel en H2, par exemple en Amérique latine et au Canada, par le biais de lettres d’intention visant à soutenir le développement d’infrastructures de production et de livraison. Nous sommes aussi en discussion avec de nombreuses régions, comme Kobe (Japon) ou des sites européens, sur les meilleures approches, par exemple en matière de craquage et de transport ultérieur de l’ammoniac ou sur les questions d’acceptation publique de l’économie de l’hydrogène.

Hambourg a-t-elle des liens avec la France ?
Hambourg et Nantes ont conclu un partenariat stratégique en 2024. Ce partenariat inclut des actions conjointes menées par des institutions économiques, des universités et des entreprises des deux régions. Les partenaires, du côté de Hambourg, sont des institutions de promotion économique et de l’innovation ainsi que des partenaires universitaires. Les sujets qui concernent les deux régions incluent la décarbonation du transport maritime et la recherche sur les technologies de propulsion innovantes ou les questions liées à l’éolien offshore.

Dans ce cadre, les ports de Hambourg et de Nantes-Saint-Nazaire entretiennent des échanges. Le projet « Smooth Ports », financé par le programme Interreg Europe, est un bon exemple de coopération : il vise à optimiser le trafic portuaire pour réduire les émissions de CO2 des flux routiers portuaires. Grâce à ce partenariat, nous organisons des ateliers, des visites mutuelles et des conférences pour renforcer notre coopération à long terme.


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